Auteur : Agence Science Presse
Les articles du Détecteur de rumeurs sont rédigés par des journalistes
scientifiques de l'Agence Science-Presse. Les Fonds de recherche du Québec et
le Bureau de coopération interuniversitaire sont partenaires du Détecteur de rumeurs.
Une méthode de réduction du stress consistant à tapoter ses « points d’énergie » ? Décrite de surcroît comme de « l’acupuncture psychologique » ? Il y avait de quoi avoir des doutes, s’est dit le Détecteur de rumeurs.
L’origine de la rumeur
Un article produit récemment par l’équipe des publications spéciales du Devoir - qui relève du marketing et non de la salle de rédaction - en parlait comme de « l’EFT » (Emotional Freedom Techniques) ou, selon le titre, « l’acupuncture psychologique ». Ailleurs, on peut aussi trouver ces mots accompagnés d’autres étiquettes comme la « thérapie par les champs de pensée ».
C’est quoi, l’EFT ?
Emotional Freedom Techniques (en français, techniques de libération des émotions) est présentée comme une approche énergétique - c’est-à-dire qu’elle s’appuie sur la théorie suivant laquelle notre corps serait parcouru par un « flot d’énergie ». La thérapie consiste à effectuer des tapotements doux (en anglais, « tapping ») sur des points d’acupuncture précis.
La technique a été imaginée dans les années 1990 par Gary Craig, un ingénieur de l’Université Stanford. Selon son site officiel, « la cause de toutes les émotions négatives est une perturbation dans le système d’énergie du corps ». Tapoter sur des parties précises du corps libérerait des émotions négatives et apporterait un soulagement à de nombreux problèmes émotionnels et physiques.
Plus précisément, il s’agit d’abord d’évoquer le problème que la personne souhaite résoudre, puis de classer son intensité sur une échelle de 0 à 10. Ensuite, il faut énoncer une phrase à répéter pendant la séance de tapotement, comme « Même si j'ai [problème], je m'accepte profondément ». Enfin, la personne classe à nouveau l’intensité du problème, pour voir si la séance a eu un effet. La procédure peut se répéter jusqu’à obtenir une note basse.
Est-ce que ça marche ?
Le gros bémol est qu’une bonne partie de la technique repose sur une évaluation subjective de son problème que fait la personne elle-même. Plusieurs études ont suggéré que l'EFT peut être efficace pour atténuer l'anxiété, combattre la dépression ou encore le syndrome de stress post-traumatique. Une étude de 2012, reproduite en 2020, montre même des effets sur les niveaux de cortisol, marqueur biologique du stress.
Mais une question importante demeure : quels sont les mécanismes en jeu ? Est-ce le fait de toucher à des endroits particuliers du corps qui induit un changement ou est-ce que d’autres techniques intégrées dans ce traitement jouent un rôle ? Par exemple, on insiste sur une manière particulière de respirer ou sur l’exposition, qui est une des composantes de la thérapie cognitive comportementale (il s’agit d’identifier un événement spécifique et l’émotion correspondante, de le nommer précisément, pour mieux le surpasser).
Selon l’Ordre des psychologues du Québec, depuis 10 ans, deux activités de formation continue portant sur l’EFT clinique ont été reconnues dans la province. Les psychologues s’inscrivant à cette formation sont invités à la prudence, mais très peu semblent utiliser cette technique au Québec.
Verdict
Si des études semblent montrer un impact, d’autres seront nécessaires pour établir que ce sont bien les « points de pression » qui jouent un rôle, par rapport aux éléments de thérapie cognitive.