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Détecteur de rumeurs

No, a video showing 3 Pfizer scientists does not reveal anything mysterious (French version only)

Les articles du Détecteur de rumeurs sont rédigés par des journalistes
scientifiques de l'Agence Science-Presse. Les Fonds de recherche du Québec et
le Bureau de coopération interuniversitaire sont partenaires du Détecteur de rumeurs.

Auteur : Agence Science Presse - Pascal Lapointe

Une vidéo signée du « Projet Veritas » et montrant tour à tour « trois scientifiques de Pfizer » discutant avec un interlocuteur inconnu dans ce qui semble être un restaurant, révèle-t-elle des secrets sur l’efficacité du vaccin ? Le Détecteur de rumeurs résume pourquoi il faut réserver son jugement.

Ce qui est vrai : Il existe bel et bien une vidéo de 10 minutes, mise en ligne le 4 octobre et filmée d’une façon qui laisse croire à une caméra cachée. On y entend tour à tour trois hommes, présentés comme des « scientifiques de Pfizer » (en anglais, Pfizer scientists) critiquer l’utilité de la vaccination.

Ce qui est faux : aucun de ces trois hommes ne révèle de secret. Ils débattent à tour de rôle avec la personne qui, à leur insu, les a filmés, des bénéfices d’une immunité naturelle par rapport à une immunité induite par le vaccin: c’est là un débat fréquent dans l’actuelle pandémie, et qui se poursuit à travers diverses études.

Ce qui est douteux : le Projet Veritas traîne avec lui une réputation de site activiste d’extrême-droite, connu depuis plusieurs années pour ses vidéos au montage trompeur et aux propos sortis de leur contexte. Dans ce cas-ci, bien que la vidéo donne l’impression d’une conversation en caméra cachée, l’un des « interviewés » a changé de vêtements entre deux prises, ce qui suppose un montage. Plusieurs des propos sont sans contexte et Projet Veritas n’a pas publié les entrevues complètes, pour qu’on puisse se faire une idée de ce qui a été coupé.

Les 4 astuces du Détecteur de rumeurs

1) Comme c’est le cas très souvent, le premier réflexe d’un Détecteur de rumeurs en herbe doit être de vérifier la source. En l’occurrence, qui est ce « projet Veritas »? Une recherche Google rapide peut par exemple nous conduire à Wikipedia, qui le décrit comme « un site activiste d’extrême-droite » produisant des « vidéos éditées de manière trompeuse ». L’article fournit, en bas de page, une longue série de références qui peuvent servir si on trouve le jugement trop sévère.

SourceWatch, un site qui se spécialise pour sa part dans la traque des campagnes de lobbying ou de propagande, décrit le fondateur du Projet Veritas, James O’Keefe, comme un « provocateur » qui utilise la « tromperie » avec ses cibles —des cibles qui sont systématiquement associées à la gauche américaine, au parti démocrate ou aux médias.

2) Le fait qu’une entrevue soit filmée en caméra cachée ne signifie pas qu’elle révèle des secrets.

3) Attribuer à quelqu’un l’étiquette de « scientifique de Pfizer » ne signifie pas grand-chose. La compagnie employait, en 2020, environ 78 000 personnes à travers le monde. Le mot « scientifique » peut s’appliquer à un spectre de professionnels très large, comme les techniciens de laboratoire ou les experts de domaines très spécialisés.

4) Dans le cas de cette vidéo, il n’a pas été démontré que ces trois hommes avaient travaillé au développement du vaccin. L’un des trois (Chris Croce, ou plutôt Christopher) est, d’après son compte Linkedin, technicien de laboratoire. Le deuxième (Nick Karl qui, tel qu'identifié par des internautes, serait plutôt Nicholas Karl), est un biochimiste qui travaille sur le développement de technologies utilisées pour des tests diagnostics. Le troisième, « Rahul Khandke », n’avait pas pu être identifié avec certitude, rapportaient nos collègues de Libération.