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Détecteur de rumeurs

Hormone treatments for menopause: safer? It depends (French version only)

Les articles du Détecteur de rumeurs sont rédigés par des journalistes scientifiques de l'Agence Science-Presse.
Les Fonds de recherche du Québec et le Bureau de coopération interuniversitaire sont partenaires du Détecteur de rumeurs.

Auteur : Agence Science Presse – Kathleen Couillard

Les traitements hormonaux (THM) sont depuis longtemps utilisés pour traiter les symptômes de la ménopause, mais ils font aussi l’objet de plusieurs craintes. Ces craintes sont-elles fondées, se sont demandé le Détecteur de rumeurs et LaScience-dAbord.

L’origine de la question

Les symptômes de la ménopause surviennent lorsque le corps cesse de produire des œstrogènes. Les femmes peuvent alors ressentir des bouffées de chaleur, des troubles du sommeil, des sautes d’humeur, de l’inconfort vaginal et une perte osseuse. Il est donc logique de penser que des traitements hormonaux substitutifs (THS) appelés aussi hormonothérapie substitutive (HTS), puissent contrecarrer ces effets. Et il a été établi depuis longtemps qu’ils peuvent bel et bien aider à soulager ces symptômes.

Les risques de l’hormonothérapie

Cependant, il a aussi été démontré que les THS peuvent augmenter le risque de cancer du sein, de caillots sanguins, d’accident vasculaire cérébral et de maladie de la vésicule biliaire. D’ailleurs, depuis le début des années 2000, les médecins en prescrivent de plus petites doses pour des périodes plus courtes.

Le risque varie selon les antécédents médicaux, le type de THS prescrit, la posologie, le moment où le traitement a débuté et sa durée. Toutefois, en dépit de ces risques, les bienfaits des THS pour la santé des femmes restent supérieurs, lorsqu’ils sont utilisés pour soulager les symptômes de la ménopause.

Le National Institute for Health and Care Excellence (NICE) du Royaume-Uni souligne que tous les types de THS augmentent le risque de cancer du sein après un an d’utilisation. Les risques seraient plus élevés pour les traitements qui combinent oestrogène et progestérone. Des gynécologues-obstétriciens du Royaume-Uni soutiennent d’ailleurs que les femmes qui prennent seulement de l’oestrogène n’ont pas un risque plus élevé de cancer du sein que les autres.

Par ailleurs, les traitements à base d’oestrogène seul hausseraient le risque de cancer de l’utérus, note la Société canadienne du cancer. Il serait donc préférable d’utiliser à la fois de l’oestrogène et un progestatif.

Pour ce qui est des thromboses veineuses et des embolies pulmonaires, le risque augmente avec les THS. Cependant, il peut être réduit considérablement si les hormones sont administrées à travers la peau plutôt qu’oralement, remarque le NICE. Cet organisme écrit aussi que les bénéfices de l’utilisation à court terme des THS pour diminuer les symptômes de la ménopause, surpassent les risques, surtout chez les femmes de moins de 60 ans.

La Société canadienne du cancer mentionne pour sa part que ce n’est pas le cas de l’utilisation prolongée des THS (plus de 5 ans). L’organisme recommande donc de recourir aux THS seulement pour soulager « les symptômes graves de la ménopause pour lesquels aucun autre traitement n’a été efficace ».

Confusion autour des hormones bioidentiques

Jusque dans les années 2000, les THS utilisaient principalement des hormones synthétiques isolées à partir de l’urine de jument, racontent deux infirmières du Manitoba qui ont réalisé une revue de la littérature sur les hormones bioidentiques (« bo-dy-identical ») en 2022.

C’est par la suite que les hormones bioidentiques ont fait leur apparition. La Société des obstétriciens et gynécologues du Canada explique qu’il s’agit de substances généralement dérivées des plantes et qui ont été modifiées chimiquement pour être identiques aux hormones humaines.

Le terme bioidentique est donc utilisé pour décrire les hormones identiques à celles produites par le corps, alors que « naturel » décrit les hormones qui proviennent de plantes ou d’animaux. Un bémol: la plupart de ces hormones « naturelles » doivent d’abord être traitées en laboratoire pour devenir bioidentiques

Selon le Collège américain des obstétriciens et des gynécologues, il existe toutefois deux types de produits sur le marché qui utilisent cette appellation et cela peut porter à confusion.

Il y a d’abord les hormones bioidentiques synthétisées par les compagnies pharmaceutiques et qui sont approuvées par des organismes de régulation comme la FDA et Santé Canada. L’estradiol-17B sous forme de gel topique et la progestérone micronisée, qui sont maintenant couverts par la Régie de l’assurance-maladie du Québec, en sont des exemples.

Il y a ensuite des produits préparés sur mesure en pharmacie. Il s’agit généralement d’un mélange de plusieurs formes d’hormones similaires à l’oestrogène. On recommande même parfois aux femmes en ménopause de passer un test de salive pour « personnaliser » les concentrations d’hormones dans le produit, ajoutent les deux infirmières du Manitoba dans leur revue de la littérature.

Pour éviter la confusion, la British Menopause Society suggérait donc en 2019 d’utiliser le terme hormones corporellement identiques (« body identical ») pour parler des hormones de substitution bioidentiques qui sont approuvées par les organismes de régulation.

Moins risquées, les hormones bioidentiques?

Parce qu’elles sont « identiques » à celles produites par notre corps, certaines personnes prétendent qu’elles sont une option plus sécuritaire. Ce n’est toutefois pas nécessairement le cas, résumait en 2022 la Clinique Mayo sur son site.

Les infirmières du Manitoba soulignent que les hormones « body identical » semblent avoir un profil de sécurité élevé et peu d’effets secondaires dans les six premières années de traitement. Cependant, les risques à long terme ne sont pas encore connus. De plus, pour ce qui est de l’efficacité, l’analyse révèle qu’il existe peu d’études comparant les hormones corporellement identiques aux hormones synthétiques. Il n’est donc pas possible de déterminer si un type est supérieur à l’autre. Selon la British Menopause Society, la progestérone micronisée comporterait moins de risque pour le cancer du sein.

La Société des obstétriciens et gynécologues du Canada rappelle pour sa part que les hormones bioidentiques préparées en pharmacie ne sont pas approuvées par Santé Canada. Leur efficacité n’a donc pas été testée et elles peuvent contenir des impuretés.

Là comme dans d’autres secteurs, il faut prendre garde aux publicités utilisant des mots tels que « naturel ». Ils ne sont pas nécessairement la solution la plus sécuritaire et la plus efficace. Toute forme de THS devrait faire l’objet d’une discussion avec un professionnel de la santé afin de s’assurer que les avantages l’emportent sur les risques.