Parmi les nombreuses théories du complot qui circulent autour du coronavirus, le plus troublant est sans doute qu’il y ait des gens prêts à croire que des gouvernements procéderaient à des exterminations de masse chez les malades.
Au moins cinq pays (États-Unis, Inde, Indonésie, Ghana et Kenya) ont vu passer de telles « informations » selon lesquelles le gouvernement chinois avait demandé à sa Cour suprême l’autorisation de tuer 20 000 personnes infectées par le nouveau coronavirus. La nouvelle n’avait aucun fondement et, au début de février, des textes de Snopes, BoomLive, Tempo, Dubawa and PesaCheck ont facilement pu expliquer que le point de départ de cette rumeur était un site spécialisé dans les fausses nouvelles (on lui en doit par exemple une sur des restaurants pour cannibales). Le fait qu’aucun autre média ailleurs dans le monde n’ait rapporté quelque chose d’aussi énorme était également suspect.
Mais plusieurs semblent vouloir croire à de telles histoires. Lorsqu’a commencé à circuler la rumeur de « photos satellites montrant qu’il y avait de hauts niveaux de dioxyde de soufre dans l’atmosphère au-dessus de la Chine », la conclusion a été, pour ces personnes, évidente : « la Chine fait brûler des milliers de personnes infectées par le coronavirus 2019 ».
Un des points de départ a été ce tweet, partagé plus de 10 000 fois. L’image, qui provenait supposément du site météo windy.com, présentait une impressionnante tache orange au-dessus d’une carte d’une partie de la Chine.
Le site britannique de vérification des faits FullFact, ayant contacté la NASA, a rapidement pu apprendre qu’il ne s’agissait pas d’une photo satellite mais d’une prévision météo. Les sites Taiwan Fact-Check Center, Demagog (en Pologne) et Agência Lupa (au Brésil) sont rapidement arrivés aux mêmes conclusions.
Certains ont alors essayé d’autres pistes. À Hong Kong, une vidéo circulant sur Weibo, YouTube et Facebook prétendait montrer une « famille morte » des suites de la quarantaine imposée sur leur ville. La vidéo, a démontré Annie Lab, un projet des étudiants en journalisme de l’Université de Hong Kong, avait été mise en ligne 23 jours avant le début de la quarantaine.
Reste le message Instagram qui proclamait qu’à cause du coronavirus, les Chinois s’étaient mis à manger des… bébés. Elle présentait en réalité, a démontré le site de vérification espagnol Maldita.es, une autopsie… datant de 2004. Et pas en Chine, mais en Thaïlande.