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Détecteur de rumeurs

A Winnipeg laboratory connected to coronavirus? False (French version only)

Les articles du Détecteur de rumeurs sont rédigés par des journalistes
scientifiques de l'Agence Science-Presse. Les Fonds de recherche du Québec et
le Bureau de coopération interuniversitaire sont partenaires du Détecteur de rumeurs.

Auteur : Agence Science Presse – Pascal Lapointe

Un tweet partagé plus de 12 000 fois depuis samedi laisse croire qu’un reportage de la CBC aurait fait un lien entre « le retrait » de deux chercheurs chinois d’un laboratoire canadien à haute sécurité, à Winnipeg, et le coronavirus qui sévit actuellement en Chine. En réalité, le reportage date de juillet 2019 et ne parle nulle part de coronavirus.

Une partie de la controverse tourne autour de l’envoi à un laboratoire chinois, le 31 mars 2019, d’échantillons des virus Ebola et Nipah. Un envoi qui n’avait rien d’illicite, puisqu’il suivait des protocoles de sécurité approuvés par l’Agence de la santé publique du Canada. Le reportage de juillet du réseau anglais de Radio-Canada, de même que celui-ci en août, et celui-ci en octobre, suggèrent que l’expulsion du couple du laboratoire en juillet serait liée au fait qu’il n’aurait peut-être pas suivi les règles administratives protégeant la propriété intellectuelle du laboratoire canadien. On n’en sait pas plus sur l’enquête à ce sujet, sauf que la GRC avait déclaré qu’il ne s’agissait pas d’une menace pour la santé publique.

Il faut souligner que l’échange de tels échantillons entre différents pays est chose courante en biologie, où les collaborations entre chercheurs internationaux sont fréquentes. Autrement dit, le problème, s’il y en a un, serait apparemment au niveau de la protection des droits de propriété intellectuelle des résultats de recherches scientifiques.

La femme, Xiangguo Qiu, est un médecin spécialiste de longue date du virus Ebola et a contribué au développement du vaccin ZMapp, développé en partie au même laboratoire de microbiologie de Winnipeg. Son époux, le biologiste Keding Cheng, est présenté dans le tweet comme un expert en coronavirus, mais le SRAS —le coronavirus qui a sévi en 2002-2003— n’est qu’un de ses objets de recherche, au même titre que la bactérie E.coli, la maladie de Creutzfeldt-Jakob et le virus du sida.

L’auteur du tweet prétend de plus que le colis du 31 mars a été envoyé à Wuhan —la métropole où est apparu le virus en décembre— alors qu’aucun des trois reportages de la CBC ne mentionne Wuhan. Nombre des personnes qui ont commenté le tweet y sont allées de remarques désobligeantes sur l’immigration ou carrément racistes.

 

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