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Research report

Les effets de la technologie de l’information et de la communication et de différentes formes d’organisation du travail sur la santé psychologique

Un constat inquiétant persiste dans le secteur de la santé et des services sociaux : près du tiers des travailleur·euse·s présentent des signes durables de détresse psychologique, affectant leur bien-être personnel et professionnel

Depuis la pandémie, la transformation numérique, soutenue par les technologies de l’information et de la communication (TIC), a permis de maintenir les services, mais a aussi engendré une surcharge informationnelle et une pression de disponibilité.
Notre recherche visait à comprendre comment l’utilisation des outils et applications TIC et certains facteurs organisationnels influencent les trajectoires de détresse psychologique selon la modalité de travail, soit le travail sur site (entièrement en établissement) ou le travail à distance (hors établissement, selon différentes modalités de télétravail). Une enquête longitudinale auprès du personnel du secteur a permis d’identifier cinq trajectoires distinctes de détresse, dont certaines marquées par une instabilité persistante et des effets négatifs sur le fonctionnement personnel (conflits entre les sphères de vie), professionnel (performance) et organisationnel (absentéisme, intention de quitter). Fait notable : ces trajectoires ne varient pas selon la modalité de travail, ce qui suggère des mécanismes similaires que la détresse soit vécue sur site ou à distance.
L’enjeu principal consiste à éviter que la détresse psychologique s’installe de façon durable. Les résultats montrent que la qualité de l’environnement psychosocial, davantage que la modalité de travail, en est le déterminant clé. Les facteurs de risque incluent l’utilisation intensive des TIC en dehors des heures de travail, la pression technologique, la charge de travail, les conflits de rôle et le harcèlement psychologique. À l’inverse, la clarté des rôles, le climat de sécurité psychosociale et la reconnaissance du supérieur et de l’organisation agissent comme facteurs de protection.
Une piste d’action prioritaire consiste à développer des outils de dépistage et de suivi adaptés, encadrer l’utilisation des TIC et établir des politiques de déconnexion, en tenant compte des facteurs organisationnels en jeu. Ces mesures peuvent contribuer à limiter la détresse et à soutenir des pratiques plus efficaces en santé au travail.

Chercheur principal

  • Claude Fernet, Université du Québec à Trois-Rivières

Cochercheuses et cochercheurs

  • Alexandre J.S. Morin, Université Concordia
  • Stéphanie Austin, Université du Québec à Trois-Rivières

Collaboration
Simon A. Houle, Université du Québec à Trois-Rivières

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