Depuis la Loi sur le cannabis de 2018, l’accessibilité et la normalisation sociale de cette substance se sont accrues, amplifiant les préoccupations pour la santé maternelle et infantile. Certaines femmes y recourent pour soulager douleurs, nausées, anxiété ou difficultés psychosociales, soulevant un dilemme : comment protéger la santé des mères et des nouveau-nés tout en tenant compte des réalités sociales et relationnelles? Ce projet vise trois objectifs : 1) systématiser comment les femmes évaluent le cannabis pendant la grossesse; 2) systématiser comment les professionnel·le·s de santé les accompagnent; 3) évaluer l’impact de la Loi sur le cannabis de 2018 sur la prévalence des troubles liés au cannabis chez les femmes enceintes. Les résultats du premier objectif montrent que les décisions — réduire, cesser ou poursuivre — sont influencées par les trajectoires de vie, les expériences de genre et l’environnement social. La grossesse motive certaines à arrêter, mais l’injonction stricte peut générer stress et anxiété. Ces choix dépendent aussi des perceptions personnelles et sociales du cannabis, soulignant l’importance d’interventions adaptées et non stigmatisantes. Pour le deuxième objectif, les entretiens révèlent une diversité de pratiques : écoute, conseil, gestion psycho-émotionnelle, réduction des méfaits et références spécialisées. Les professionnel·le·s doivent concilier autonomie des femmes et protection du foetus dans un contexte de connaissances limitées, mettant en évidence le besoin de formation continue et d’outils pratiques. Les analyses quantitatives du troisième objectif indiquent que les diagnostics liés au cannabis ont augmenté de 24 % après la légalisation, alors que ceux liés à l’alcool ou aux autres drogues sont restés stables. Ces données montrent l’impact direct de la politique sur la santé périnatale et des variations régionales, suggérant que l’accès aux services et les contextes locaux influencent la trajectoire de soins. Dans l’ensemble, ces résultats pointent un enjeu central : sans accompagnement adapté et intégration des réalités sociales, les femmes exposées au cannabis restent vulnérables aux risques sanitaires et à la stigmatisation. Renforcer la formation des professionnel·le·s, développer des stratégies de réduction des méfaits centrées sur la personne et mieux cibler les politiques publiques pourrait protéger la santé des mères et des enfants tout en favorisant des soins plus équitables et humains.
Chercheur principal
- José Ignacio Nazif-Munoz
Cochercheuses et cochercheurs
- Helen-Maria Vasiliadis; Christophe Huynh; Julie Loslier; Karine Bertrand; Nadia L'Espérance.
Collaboration
- Pablo Martínez; Karen Domínguez-Cancino; Victoria Massamba et Kristelle Alunni-Menichini



