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De l’Irlande au Canada : 40 ans de luttes irlandaises

Les immigrants irlandais ont joué un rôle important lors des révoltes qui ont éclaté dans le Haut et le Bas-Canada en 1837-1838. Ces événements sont toutefois généralement étudiés sous l’angle de l’histoire canadienne et non dans une optique transnationale.

Si certains groupes étaient effectivement très violents, ils constituaient une minorité.

Or, l’engagement des immigrants irlandais dans ces luttes canadiennes découle aussi des événements historiques auxquels ils ont pris part dans leur pays d’origine avant leur migration, souligne Jane McGaughey, chercheuse à l’École des études irlandaises de l’Université Concordia.

À l’aide d’archives, elle a retracé l’histoire de plusieurs familles irlandaises qui ont immigré au Canada au début du 19e siècle. Puis, elle a analysé des articles de journaux de l’époque et des récits de la communauté, pour répertorier leurs actions. Plusieurs de ces familles s’étaient engagées dans la rébellion de 1798 en Irlande. Elles ont ensuite traversé l’Atlantique et ont participé aux soulèvements de 1837-1838 du côté des rebelles ou de la Couronne.

Ces parcours ponctués de luttes ont forgé des stéréotypes tenaces sur la violence des hommes irlandais. Même dans la construction de l’identité culturelle irlandaise, les récits entremêlent souvent virilité, migration, violence et luttes politiques. La réalité est pourtant bien différente, comme le démontrent les recherches de Jane McGaughey. Si certains groupes, comme les Shiners – ces bûcherons irlandais qui ont durement affronté les bûcherons canadiens-français dans l’Outaouais entre 1837 et 1845 –, étaient effectivement très violents, ils constituaient une minorité. En fait, les Irlandais qui ont joué un rôle politique ou public au Canada au 19e siècle correspondaient peu à ces stéréotypes. Pourtant, cette perception négative a teinté la vision que les populations nord-américaines avaient des immigrants irlandais, qu’elles jugeaient violents et fauteurs de trouble. Cela a pu avoir des conséquences sur leur intégration dans leur pays d'accueil.

Les travaux de Jane McGaughey nous apprennent que le Canada ne s’est pas formé en vase clos, ce qu’un regard plus large sur les populations qui l’ont bâti permet de mieux comprendre.