/ La recherche au quotidien / 3 mythes sur la poignée de main
Détecteur de rumeurs

3 mythes sur la poignée de main

Le Détecteur de rumeurs est produit par l'Agence Science-Presse, en partenariat avec
les Fonds de recherche du Québec et le Bureau de coopération interuniversitaire

Les poignées de mains du président américain Donald Trump ont été scrutées à la loupe, notamment lors de sa rencontre avec le premier ministre Justin Trudeau. De nombreux articles ont souligné la fermeté de ses poignées de main, ses tapotements sur l’épaule de son interlocuteur, sa tendance à attirer brusquement vers lui l’autre personne, qualifiant ses poignées de mains de « bizarres » et « dominantes ».

Mais une poignée de main a-t-elle vraiment autant d’importance qu’on le croit ? Le Détecteur de rumeurs en profite pour vérifier la validité de quelques-unes de nos idées reçues.

Elles influencent la première impression et révèlent notre personnalité

Une étude qui se démarque à ce sujet est celle de l’Université de l’Alabama publiée en 2000 dans le Journal of Personality and Social Psychology. Dans cette étude, les psychologues ont formé des juges pendant un mois de manière à ce qu’ils puissent évaluer des caractéristiques objectives d’une poignée de main (adhérence, température, sécheresse, force, durée, vigueur, texture et contact visuel). Ensuite, ils devaient évaluer des participants qui avaient répondu à des tests de personnalité. Les résultats ont fait ressortir les points suivants :

  • Il était difficile pour les juges de prendre en considération toutes les caractéristiques objectives. C’est la fermeté de la poignée de main qui était la caractéristique la plus importante d’une « bonne » poignée de main ;
  • Les juges avaient une première impression plus positive des gens qui donnaient une poignée de main considérée comme « bonne » ;
  • Une « bonne poignée de main », telle que perçue par les juges, était associée aux participants dont les tests avaient révélé qu’ils étaient plus extravertis et ouverts à de nouvelles expériences ;
  • Ceux qui avaient des personnalités anxieuses et timides donnaient des poignées de main considérées comme « mauvaises » par le juge ;
  • Contrairement à ce qu’on peut penser, les femmes auraient avantage à donner une poignée ferme lors d’une première rencontre. Un geste perçu encore plus positivement chez les femmes ;
  • Bref, pour les deux sexes, une poignée de main ferme tend à générer des impressions favorables.

Une bonne poignée de main augmente les chances de décrocher un contrat

L’Université de l’Iowa a mené en 2008 une étude qui impliquait 98 étudiants, des employeurs potentiels et des « experts en poignée de main ». Les étudiants prenaient part à des entretiens d’embauche et les patrons potentiels étaient ensuite invités à classer les candidats. Ensuite, des experts analysaient la poignée de main des candidats. Les résultats : les étudiants qui ont été notés comme ayant les poignées les plus fermes par les juges étaient aussi les plus susceptibles d’être embauchés. Les « employeurs » ont considéré ces candidats comme des extravertis avec de grandes compétences personnelles. Alors que ceux qui donnaient des poignées de mains molles se retrouvaient au bas de la liste. Selon l’étude, une poignée de main doit être ferme, pas trop forte, avoir un mouvement vigoureux de haut en bas et être accompagnée par un contact visuel.

Davantage d’activité dans une zone spécifique du cerveau

Dans le cadre d’une étude publiée en 2012 dans le Journal of Cognitive Neuroscience, des chercheurs ont étudié les corrélats neuronaux d’une poignée de main pour expliquer l’importance de cette pratique dans nos interactions sociales. Grâce à l’imagerie par résonance magnétique, ils ont pu démontrer qu’il y avait plus d’activité dans une région spécifique du cerveau quand on se serre la main avant une interaction. Ils ont également démontré que ce ne serait pas toutes les poignées de main qui aurait un impact positif : il faudrait une poignée de main ferme et une attitude amicale pour susciter des sentiments positifs.

Le bémol du Détecteur

Les études réalisées jusqu’à maintenant semblent confirmer ce que notre intuition nous dictait à savoir que les poignées de main fermes sont perçues comme les plus positives. Qui sait, Donald Trump sent peut-être qu’il a un problème d’image, et il essaie maladroitement de se rattraper ?

Toutefois, attention de ne pas sortir le geste du contexte. Les politiciens jouent un rôle et apprennent à maîtriser les codes du langage non verbal pour influencer nos perceptions.

Il est connu par exemple que politiciens et gens d’affaires reçoivent des cours pour maîtriser les différents styles de poignées de mains et leur langage corporel en général. Bref, ils savent modifier et optimiser leur langage non verbal, particulièrement dans un contexte d’opération photo.

Et la biologie?

On sait déjà qu’on peut transmettre des germes avec des poignées de main. Il a été découvert dans le cadre d’une recherche à l’Institut Weizmann, que les poignées de main pourraient être des moyens de transmettre des signaux chimiques sociaux. En observant des participants avec des caméras cachées, on a découvert que les humains auraient tendance à approcher leur main de leur nez après avoir serré la main d’un interlocuteur ! Les chercheurs pensent que ce comportement inconscient aurait pris la relève d’un comportement plus ancien qui consistait à renifler une personne pour en savoir plus sur elle, comme le font les animaux.

 

bandeauDetecteur_siteFinal