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Le secret bien gardé des moules

Et si les cellules des moules pouvaient aider à mieux comprendre certaines maladies comme l’Alzheimer ou le Parkinson ? C’est l’hypothèse que lance Sophie Breton, chercheuse et professeure au Département des sciences biologiques à l’Université de Montréal, dont le laboratoire est l’un des seuls au Canada à utiliser les moules marines et d’eau douce comme modèles scientifiques pour étudier la transmission des mitochondries.

Dans le règne animal, l’ADN des mitochondries est transmis exclusivement par la mère, sauf chez les moules.

Ces petites centrales énergétiques qui se trouvent dans presque toutes les cellules animales possèdent leur propre matériel génétique, qui diffère de celui du noyau cellulaire. L’étude du système de transmission mitochondrial particulier des moules pourrait peut-être aider la scientifique à démystifier plusieurs pathologies liées à un dysfonctionnement des mitochondries humaines.

Dans le règne animal, l’ADN des mitochondries est transmis exclusivement par la mère, sauf chez les moules, qui héritent du génome mitochondrial des deux parents. Ainsi, ces mollusques possèdent deux variants mitochondriaux très divergents qui coexistent et s’adaptent simultanément au génome du noyau. Fait particulier, ce système ne semble causer aucune anomalie, alors que de légères variations dans le génome mitochondrial simple de l’Homme peuvent causer diverses pathologies. Pourquoi est-ce ainsi ? Quels sont les mécanismes moléculaires impliqués ? Quel est le rôle des mitochondries mâles ?

En comparant le fonctionnement du système mitochondrial de la moule et celui d’espèces animales modèles ou de l’être humain à l’aide de techniques de biologie moléculaire, de microscopie et de physiologie, Sophie Breton et son groupe veulent mieux comprendre le cas particulier des moules et, ultimement, expliquer les processus défaillants en cause dans les maladies mitochondriales humaines. Entretemps, l’équipe a identifié chez les mollusques de nouveaux gènes mitochondriaux qui ne jouent aucun rôle dans la production d’énergie, mais qui ont possiblement un impact dans la détermination du sexe. Du jamais-vu ! Cette découverte renforce la théorie selon laquelle les mitochondries ont plus d’une carte dans leur jeu.